AFP, publié le mercredi 12 septembre 2018 à 13h30
Les fonctions d'Alexandre Benalla à l'Elysée ont été mercredi au coeur des auditions de la commission d'enquête sénatoriale, qui poursuit ses travaux imperturbablement malgré la polémique sur l'audition à venir de l'ex-chargé de mission d'Emmanuel Macron.
"Nous poursuivons nos auditions pour tenter de lever des contradictions" et "établir le fonctionnement" des différents services de l'Etat, a déclaré Philippe Bas à l'ouverture des travaux. Il s'agit en particulier de déterminer le rôle qu'a pu avoir M. Benalla dans la sécurité du chef de l'Etat.
Placide, M. Bas n'a pas commenté l'attaque d'Alexandre Benalla qui l'a qualifié mardi soir de "petit marquis" après avoir fini par accepter de se rendre à une future convocation du Sénat, a priori prévue pour le 19 septembre.
Cette affaire éclabousse le président Emmanuel Macron qui a réfuté toute volonté de couvrir son ancien proche collaborateur, mis en examen pour des violences contre un manifestant le 1er mai à Paris.
"Personne n'est dupe" de l'"instrumentalisation" politique de l'affaire Benalla depuis cet été, a affirmé de son côté la garde des Sceaux Nicole Belloubet. Egalement offensif, le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux s'en est de nouveau pris au président de la commission, issu de l'opposition LR, Philippe Bas, jugeant qu'il "en fait une ambition politique personnelle".
"M. Benalla est convoqué, il a des propos offensants. (...) Je ne laisserai pas insulter l'institution qu'est le Sénat. Cette commission est totalement souveraine, c'est elle qui écoutera, entendra et décidera", a rétorqué le président LR du Sénat Gérard Larcher sur LCI.
M. Benalla a annoncé mardi soir qu'il était "contraint" de se rendre devant la commission sénatoriale, pour éviter des "poursuites judiciaires".
Un refus de se présenter est punissable de deux ans d'emprisonnement et 7.500 euros d'amende.
- "Charnière" -
Premier à être entendu mercredi matin, le chef de cabinet du président, François-Xavier Lauch, a estimé que M. Benalla, filmé le 1er mai en train de frapper un manifestant, avait eu "un comportement individuel fautif" et qu'il avait "à l'évidence agi en dehors de ses fonctions à la présidence de la République".
"J'ai entendu parler de milice" à la présidence. "Ce n'est absolument pas le cas", a assuré l'ex-supérieur hiérarchique de celui que certains ont qualifié de "Rambo" de l'Elysée.
Insistant à plusieurs reprises sur le fait qu'il était en voyage préparatoire en Nouvelle-Calédonie au moment des faits, M. Lauch a également souligné que "M. Benalla n'a pas exercé de mission de police" dans le cadre de ses fonctions à l'Elysée.
Selon M. Lauch, les fonctions d'Alexandre Benalla étaient "extrêmement claires", "cadrées" : "l'organisation des déplacements nationaux du président de la République", "l'organisation des événements au palais de l'Elysée" et enfin "la coordination, sous l'autorité du directeur de cabinet, des deux services de sécurité de l'Elysée".
En l'occurrence "des choses très administratives", a-t-il pris soin de souligner, alors que la commission cherche à déterminer si M. Benalla n'a pas en fait rempli une fonction de protection personnelle du chef de l'Etat, tâche sensible qui incombe à des unités d'élite de la police et de la gendarmerie.
"On apprend toujours quelque chose dans ce genre d'auditions. Là par exemple c'est la première fois qu'on nous dit que M. Benalla était chargé d'une mission de coordination", a commenté M. Bas à l'AFP à l'issue de l'audition.
La commission a ensuite entendu le commandant militaire de l'Elysée, le général Bio-Farina, selon qui Alexandre Benalla était "un petit peu la charnière entre ce que fait le GSPR et le commandement militaire", les deux unités en charge de la sécurité du président.
En outre, "il avait l'approche humaine de ce que souhaitait le président pour sa sécurité", a-t-il ajouté et "participait aux travaux de réorganisation de la sécurité de l'Elysée".
Troisième et dernière audition au programme: celle de Maxence Creusat, commissaire de police à la direction de l'ordre public et de la circulation de la préfecture de police de Paris. Il a été mis en examen notamment pour "violation du secret professionnel".Emmanuel Macron a engagé une réforme de l'organisation de l'Elysée, son entourage reconnaissant des "dysfonctionnements".
Signe de l'émoi et de la division que continue à semer la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël, une douzaine de députés arabes israéliens (sur 120 parlementaires) ont été expulsés dans un grand brouhaha par les gardes de la Knesset à l'ouverture du discours de M. Pence, quand ils se sont levés pour brandir un tract proclamant que Jérusalem est la capitale de la Palestine.
La direction palestinienne a rapidement dénoncé le "discours messianique" de M. Pence, prouvant que "l'administration américaine fait partie du problème et non pas de la solution". Au même moment, le président palestinien Mahmoud Abbas cherchait à Bruxelles à rallier le soutien européen.
Couvert d'honneurs par les Israéliens, vilipendé par les Palestiniens, M. Pence est arrivé dimanche soir à Jérusalem pour un séjour de moins de 48 heures placé sous le signe de la décision annoncée le 6 décembre par le président Donald Trump sur Jérusalem.
Cette rupture unilatérale avec des décennies de diplomatie américaine et avec le consensus international a provoqué le courroux des Palestiniens et des manifestations dans le monde arabe et musulman. Dix-huit Palestiniens et un Israélien ont été tués dans des violences depuis lors.
M. Trump a corrigé le 6 décembre "une injustice vieille de 70 ans", a déclaré M. Pence.
- Références bibliques -
"Jérusalem est la capitale d'Israël" et le président Trump a ordonné à ce titre de préparer le déménagement de l'ambassade des Etats-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem, a-t-il dit. "L'ambassade des Etats-Unis ouvrira avant la fin de l'année prochaine" à Jérusalem, a-t-il dit, enchantant les députés israéliens, le Premier ministre Benjamin Netanyahu et les membres du gouvernement.
Pour les Palestiniens, M. Trump a atteint le 6 décembre le summum du parti pris pro-israélien affiché au cours de sa première année de pouvoir, et discrédité les Etats-Unis dans le rôle de médiateur de l'effort de paix.
Les dirigeants palestiniens ont décidé de snober M. Pence qui, fait exceptionnel, ne rencontrera aucun d'entre eux au cours de cette ultime étape de sa première tournée dans la région. Elle l'a conduit auparavant en Egypte et en Jordanie.
M. Pence est un fervent évangéliste américain et passe pour avoir exercé une influence prépondérante sur la décision de M. Trump, largement interprétée comme une concession à cet électorat important pour le président.
"Nous pressons fortement la direction palestinienne de revenir à la table" des négociations, a dit M. Pence dans son allocution truffée de références bibliques et exaltant la création de l'Etat d'Israël. "La paix ne peut venir que par le dialogue", a-t-il dit.
Au même moment, le président palestinien, en quête de soutien, appelait à Bruxelles les 28 Etats membres de l'UE, "véritable partenaire et amie", à reconnaître "rapidement" la Palestine comme un Etat indépendant.
Israéliens et Palestiniens n'ont plus eu de négociations depuis 2014 et l'horizon est plus sombre que jamais pour la paix.
- 'Profonde gratitude' -
Le statut de Jérusalem est l'une des questions les plus épineuses du conflit israélo-palestinien. Israël qui s'est emparé de Jérusalem-Est par la force en 1967 l'a annexée et proclame toute la ville sa capitale indivisible. L'annexion est illégale pour l'ONU. Les Palestiniens revendiquent Jérusalem-Est comme la capitale de l'Etat auquel ils aspirent.
M. Trump a exprimé par le passé sa volonté de présider à l'accord diplomatique "ultime", sur lequel des générations de présidents et de diplomates se sont cassé les dents. M. Pence a réaffirmé l'engagement de M. Trump en ce sens, y compris si cela passe par la création d'un Etat palestinien, à condition que les deux parties en sont d'accord.
Le discours de M. Pence a été une déclaration de soutien inébranlable à Israël, confronté à de multiples menaces dans la région.
Il a de nouveau pourfendu l'Iran, grand ennemi d'Israël, et l'accord conclu en 2015 sous l'administration Obama entre les grandes puissances et la République islamique sur les activités nucléaires de cette dernière.
Cet accord est un "désastre" et les Etats-Unis s'en désengageront "immédiatement" s'il n'est pas amendé, a-t-il décidé.
Les Etats-Unis "ne permettront jamais à l'Iran d'acquérir une arme nucléaire", a-t-il dit.
Le Premier ministre israélien s'est, lui, répandu en expressions de reconnaissance envers l'administration Trump, laissant entendre qu'Israël n'avait jamais eu de meilleur soutien à la Maison Blanche.
"Je parle au nom de presque tout le monde, coalition et opposition réunies, quand je dis la profonde gratitude du peuple d'Israël envers le président Trump et vous-même pour une décision historique que nous n'oublierons jamais", a-t-il dit.
Les organisations palestiniennes ont appelé à la manifestation et à la grève générale mardi.